Voilà quelques jours, j’ai publié un billet que j’avais écrit cet été, intitulé « Diantre, j’ai grossi ! ». Comme depuis le 26 août, je me suis délestée de 9 kilos, j’ai pensé qu’il serait drôle de rédiger le billet autrement. Etrangement, j’ai plus peiné dans la rédaction. Je crois que je prête plus attention à mes sensations quand je vais mal (= quand je grossis) que quand je vais bien (= je maigris). Et c’est très certainement une erreur.
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* Quand je maigris, j’ai la peur en moi de regrossir (et pourtant, cette peur ne m’a jamais préservé d’une reprise de poids) * J’enregistre mon poids à chaque pesée (une depuis le 26 août) parce que j’aime visualiser ma courbe de poids à la baisse (j’ai une application dédiée sur l’Itruc) * Il m’est arrivé de me peser plusieurs fois par jour mais pas cette fois, je prends plaisir à vivre sans balance et à ne plus exister via un chiffre qui s’affiche entre mes deux orteils * Je me sens mieux dans les vêtements que je porte mais pas forcément mieux dans mon enveloppe corporelle * Je cohabite avec du chocolat sans compulser toutes les 3 minutes * Je me sens tellement BIEN dans mes soutiens-gorge ! * Je refuse de faire du sport pour maigrir « encore plus vite » parce que je ne m’épanouis pas dans le sport (j’ai pourtant essayé à maintes reprises) * J’arrive à m’assoier en tailleur sur mon lit (ou sur la méridienne, le canapé…) * Je cesse les expéditions punitives dans les grandes surfaces pour acheter à bouffer (BOUFFER BOUFFER BOUFFER) * Je suis (et je me sens) plus sereine au quotidien de manière générale * Mes jeans sont plus larges, je parviens même à monter (ou descendre) mes jeans sans défaire les boutons (c'est totalement jouissif) * Je suis toujours hargneuse avec les conseils dispensés alors que je ne réclame rien et je ne supporte pas que l’on me dise « tu fais encore l’un de tes régimes » juste parce que je ne prends pas de dessert au restaurant * Je ne me fustige plus parce que je suis lasse de me faire de la peine avec des réflexions inutiles, puériles et stériles * Ma libido remonte * Mon doigt rentre sans peine dans mon nombril sous la douche * J’ai toujours honte du regard des autres sur moi quand je mange (même si c’est une salade sans salade sans crouton et sans sauce) * Je pars de l’idée que pour maigrir j’ai besoin d’un cadre et peu à peu je m’apaise dans mon relationnel à la nourriture * Je peux porter une ceinture à mes jeans et parfois je ne le fais pas parce que je n’ai pas envie alors que plus grosse j'étais désespérée de ne pas pouvoir porter de ceinture * J'ai moins honte de moi et de ce corps qui est le mien * Je ressors des vêtements que je ne portais plus pour cause de volume inadapté à l'enveloppe et j'ai l'impression d'avoir une nouvelle garde-robe * Je suis plus souriante * Je m'étonne moi-même d'être si paisible dans mon relationnel à la nature (tout en me disant avec crainte "chassez le naturel, il revient au galop") * Je zermate sans y penser (tout en ayant peur de ne pas manger assez parce que 5 fruits et légumes par jour, 3 repas...) (les théories régimesques ont la vie dure) * Je suis plus conciliante * Je pense moins "BOUFFE" même si j'ai des envies mais que je n'éprouve pas le besoin d'assouvir forcément * Je ne mange plus ce que je n'aime pas (ça c'est très récent) parce que "c'est régime" * J'accepte de vivre mes émotions (même si cela veut dire pleurer au lit un dimanche presque toute la journée) * J'ai envie d'être moi et d'être bien * Je suis en quête d'apaisement et je pense que je dois le cultiver sur la durée * Je rêve à mon futur maillot de bain l'été prochain, celui que je rêvais de porter cet été mais que je n'ai pas pu pour causes de taille indisponible dans ma superficie * Je m'habille sans difficulté, le seul souci c'est que soudain j'ai de trop choses à porter et pas assez de jours dans une semaine pour cela * J'aime quand ma meilleure amie me dit "tu as sacrément perdu des fesses et puis ton pantalon tombe, il faut que tu portes une ceinture !" * Je me sens moins malheureuse à cause de mon poids * Et puis j'ai accepté de ne jamais faire une taille 36, ni que mon poids corresponde à la formule de Lorentz, parce que ce n'est juste pas moi * J'accepte peu à peu d'être moi et être moi ce n'était plus vivre au travers d'un chiffre entre mes orteils, mais plutôt apprendre à m'accepter, telle que je suis, afin de m'apaiser dans cette haine que je vouais à moi-même * Depuis les kilos s'envolent * Et moi je suis zen *
NdlB : à la relecture, je note certaines incohérences dans mon propos mais je laisse, peut-être est-ce le signe que l'acceptation n'est pas loin, que je suis partagée entre des émotions ressenties négativement ou positivement... Et c'est à ces dernières qu'il convient de m'attacher.