{Source image : Kromi}
Quand vient l'hiver (enfin l'automne mais vu la neige depuis samedi, autant entrer dans le vif du sujet et évoquer directement l'hiver), vient la période idéale pour intervertir les vêtements printemps/été avec ceux d'automne/hiver. J'ai cette année un peu tardé à le faire (la faute à une extraordinaire motivation qui m'a fait défaut) mais je me suis lancée hier, alors que j'avais décidé de vivre une journée pyjama sans rien faire (et certainement pas (tenter de) m'occuper du dressing). Au bout d'une heure, j'étais à deux doigts de TOUT JETER par la fenêtre (moi avec) et de m'effondrer en pleurant parce que non, vraiment, c'est trop compliqué pour moi. Trop compliqué quoi ? Comment expliquer...? Dans mon dressing, les fringues s'empilent, sans AUCUNE organisation (ce n'est pas juste suffisant de rêver d'un truc organisé comme sur le dessin qui illustre ce billet, évidemment...). Sur telle étagère, il y a des fringues qui m'allaient. D'autres qui me vont. D'autres qui ne me vont pas. Sur une autre étagère, il y a des fringues neuves, avec des étiquettes de prix jamais ôtées, achetées "pour quand j'aurai maigri". Il y a des fringues en 15 exemplaires identiques (seuls les coloris diffèrent) parce que je rentrais dedans (pathétique) lors de l'achat (cette vieille peur de ne rien trouver à se mettre et de devoir sortie nue dans la rue ?). Il y a aussi ( ET SURTOUT) des fringues que je ne porte jamais, que je déteste mais que j'ai peur de donner (je flaire un relent de masochisme là-dessous) parce qu'elles me vont, parce que je rentre dedans, parce qu'elles apaisent mon petit côté "peur d'être nue". Et paradoxalement, je n'ai JAMAIS rien à me mettre (bon ok j'exagère un peu mais c'est normal je suis une fille). Et puis j'ai (un peu) honte de cette profusion de fringues, quand tant de gens sont dans le besoin, mais je n'arrive pas à donner (enfin si mais non). C'est comme ça. Je donne avec parcimonie. Avec les années, je me suis quand même apaisée. Je n'achète plus de manière compulsive. J'essaye de me regarder dans le miroir, gardant bien à l'esprit que si j'achète telle fringue, c'est parce qu'elle me plaît (et qu'accessoirement je me presque-plais dedans) et non parce qu'elle est à ma taille. Dans mes profondes et intenses minutes philosophiques du matin (ça fonctionne aussi le soir), je me dis que de toute manière, quand tu te sens grosse, tu es grosse aussi bien en pantalon qu'en robe. Je ne crois pas au mythe du vêtement "à la coupe amincissante", je crois que c'est dans la tête, ça. Evidemment que le noir "amincit", par rapport au rouge, mais c'est juste une histoire de visibilité dans la masse, en réalité : en noir c'est discrétion assurée, les gens ne s'attardent pas trop sur toi. Par contre, en rouge.... Tu allumes un signal lumineux, quand même. Tu t'extirpes de l'ordinaire. Cet été, j'ai acheté un pantalon et 4 corsages "pour quand j'aurai maigri". Cela faisait longtemps qu'un truc pareil ne m'était pas arrivé. Une fois que l'acte est commis, évidemment je me sens (car je suis) RIDICULE. Les 4 corsages je peux les donner, je n'aime pas maintenant que je rentre dedans (comme c'est ballot !). Le Chino, je suis rentrée dedans, j'aimais bien mais il me baille tellement au cul que j'ai peur de le perdre quand je marche, malgré la ceinture, qui ne possède plus assez de trous pour m'enserrer la taille avec force maintien. Bref, j'ai le sentiment d'être une cause perdue. J'ai envie de ranger et résoudre enfin cet épineux problème de dressing mais face à l'ampleur du désastre, je suis rapidement démunie. Démoralisée. Limite suicidaire (oui mais non, j'ai ma nouvelle robe à porter avant). Je me désespère toute seule. Je crois qu'aujourd'hui encore je vais rester en pyjama sous ma couette à me morfondre sur cette triste existence qui est la mienne.