Et puis le pardon ?

Samedi, il m’est arrivé quelque chose que je n’aurai jamais cru possible (et pourtant, c’était déjà un peu du vécu…) (c’est toujours édifiant cette faculté féminine à ne pas voir certains signes qui pourtant clignotent en ROUGE) (genre « mais c’est quoi cette peau de saucisson que j’avais devant les yeux ah ah ah" ou tout le charme bucoliques des pensées rétroactives une fois que la vérité, l’infâme, l’immonde, l’ignoble vérité est ENFIN connue de toi). Samedi, donc, j’ai reçu un courriel qui ne m’était pas destiné. Où El Chorizo proposait ses services pour un « massage » que je suppose sexuel (ce n’était pas formulé ainsi, j’ai trouvé le dialogue sexuel vraiment très très pauvre je veux dire – je m’excuse du peu mais je m’estime bien meilleure écrivaine que la petite pucelle en question qui réclamait donc un massage et son lit et la bite à El Chorizo dans le fion - suite à une autre rencontre apparemment où il y aurait eu « pénétration », soit-disant avec capote selon le type ultra-sérieux qui me dit qu'en fait il ne l'aime pas mais qu'il se sent investi d'une mission d'éducation sexuelle envers cette nénette (non non ce n'est pas une BLAGUE du tout je ne fais que répéter certains de ses propos) mais c’est étrange quand le même type commence à te mentir, comme soudain tu doutes de la véracité de l’utilisation de la capote ???). J’ai cru jusqu’au bout que c’était un spam. Un pourriel quoi. Que ce n’était pas POSSIBLE. Pas maintenant. Pas comme ça. Pas à moi. Quelle conne. Je me suis effondrée.  C’était un peu comme dans un film, où j’aurai soudain joué un rôle qui n’était pas le mien et que je ne souhaitais pas jouer en plus mais c’était comme ça, le casting et puis c’est tout. Je n’ai pas compris. Je ne comprends toujours pas. Je me sens trahie (certainement parce que je le suis) (après je relativise, il m’est aussi arrivé de trahir, je ne vais pas oser crier ici combien je suis parfaite !). Ma première réaction a été – après une infinie tristesse – la colère. Mais sans conviction ni envie. Parce que la colère ne mène nulle part, si ce n’est à la rancune et la rancune ce n’est pas moi. Je ne dis pas que j’ai pardonné, même si je m’interroge sur ce que j’ai à pardonner, en réalité. Qui suis-je pour accorder ou non, mon pardon ? Ne faisons-nous pas tous des erreurs ? Qui est donc ce mec aussi, que je découvre après tant d’années ? Je ne sais plus. Je le déteste. Je suis triste, je suis déçue, il s’explique et je ne le comprends pas davantage (quelle pauvre fille stupide je fais tout de même) et je lutte contre cette colère en moi, que je ne veux pas ressentir, parce que je sais que dans mon cas, avec mon passé, outre le fait que la colère soit très mauvaise conseillère, c’est aussi elle qui est à l’origine de bien des crises de boulimie.

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Je ferme délibérément les commentaires, parce que je sais que je ne vais en supporter aucun. Je ne demande ni jugement de lui ou de moi, ni conseil, ni rien. J’avais juste besoin d’écrire ces quelques mots, parce qu’un blog n’a pas vocation à être toujours drôle, parce que c’est aussi ce que je traverse depuis hier et pour quelques jours (mois) (années) encore. J'en suis à me demander COMMENT réussir à refaire confiance, après ça ? (Et je ne parle pas de confiance en LUI, je veux dire, ça c'est drôle, quelle confiance ???). C'est une infinie, une profonde, une immense déception. Mais c'est aussi ça la vie. Accepter d'avoir mal, sans se précipiter sur la première tablette de chocolat venue. Même si quand même, j'ai vachement mal. La vie est belle.

"La fidélité n'est qu'un manque d'occasion"

Sacha Guitry

Merci Sacha de cette édifiante citation.