C'est compliqué d'avoir des kilos en trop. Je ne dis pas qu'avoir de l'acné ni que mesurer moins d'un mètre cinquante quand on a 30 ans, c'est plus facile non plus, hein. A chacune ses complexes. Moi, je crois que je suis née avec des problèmes de poids. A l'adolescence, j'ai grossi de manière exponentielle. J'ai perdu des kilos, j'en ai repris, au fond je crois que je n'ai jamais trouvé ce que je cherchais pourtant avec tant d'ardeur dans ses régimes à répétition : me sentir bien dans ma peau. J'ai parfois préféré ne pas vivre, reportant l'instant présent à demain pour quand j'aurai maigri. Elle est terriblement oppressante, cette notion de pour quand j'aurai maigri, qui t'empêche de vivre un tas de choses, soit-disant pour la bonne cause. Et puis un matin, un semblant d'apaisement vient. Tu te dis que tu ne veux plus manger pour maigrir, même si pour autant, tu veux maigrir. Mais tu aspires à autre chose que l'ultime régime. Tu as besoin de vivre, aussi. De réussir à concilier le maximum, dans ta vie. Même si pour cela, il va te falloir un peu plus de temps. Hier soir, alors que je classais quelques fichiers - j'ai cette manie de jeter mes écrits par écrit dans différents fichiers, que je garde indéfiniment, dans l'attente de la publication... Ou pas ? - je suis tombée nez à nez avec ces quelques mots, griffonnés fin octobre. Ce n'est pas si vieux. Je me dépatouillais encore avec mes essais régimesques. Ces jours-ci, je régime également. Mais je suis plus sereine, moins psycho-rigide sur ce que je mange. Je ne me pèse pas tous les matins pour constater que ce que j'ai mangé la veille me fait bien maigrir. Je mange pour moi. Pour me nourrir. Avec un zest' de Zermati mais pas seulement.
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Dimanche 16 octobre 2011.
C'est qui, Zermati, déjà ? Je n'arrive pas à zermater. Rien à faire. Les aliments interdits, je me jette dessus comme si cela faisait des mois que je n'en avais pas mangés (ce qui bien évidemment, n'est pas le cas...). Alors quelle est la solution ? Un régime ? Je suis un peu perdue dans ce questionnement intérieur qui finit par m'épuiser. Une chose est sûre, j'en ai marre. Marre de ne pas aimer ce corps qui est le mien et marre de tout faire pour continuer à ne pas l'aimer, un peu comme si je me cherchais des excuses pour "bouffer" alors que bon, des excuses franchement... Elles sont inutiles. Je bouffe et au final, ce n'est qu'à moi-même que je dois rendre des comptes.
Lundi 17 octobre 2011.
Nom de code : PETIT BOUDIN. Oui, j'ai de l'humour de bon matin et je suis gentille avec moi-même, non je ne me dénigre pas, je ne fais que dire la vérité, tout du moins la réalité aperçue dans le miroir. Je suis un petit boudin. Et le pire c'est que même si je n'ai pas envie de l'être, je ne fais rien pour ne plus l'être, un peu comme si j'acceptais la situation. Il faut que ça cesse.
Mercredi 19 octobre 2011.
C'était aujourd'hui que j'avais donc rendez-vous avec monsieur Gygy. Il n'y a rien à en dire de plus que ce que j'ai déjà dit. Quand il m'a dit que vraiment, ce serait chouette (oh oui, tu penses bien que ce serait chouette !) que je perde 10 kilos (il m'avait tenu le même discours l'an passé sans savoir que j'avais omis de mentionner quelques kilos dans le chiffre global énoncé de mon poids, espérant ne point finir en enfer... Même si j'aime la chaleur...), je lui ai demandé s'il avait un médicament miracle à me prescrire, genre je me couche un soir, j'avale LE comprimé et le lendemain je me réveille fraiche comme une rose et délestée de 10 kilos. Il m'a répondu qu'il pouvait en effet me prescrire ce genre de médicament et qu'il me suffirait, l'espace de quelques temps, de cohabiter dans mon corps avec un ami qui se ferait un plaisir de me faire maigrir rien qu'en me dévorant le gras (il a de l'humour, mon gynécologue, c'est fou fou fou...). J'ai donc émis la brillantissime conclusion, assise en face de lui, que pour maigrir pas de secret : il faut moins ne plus manger. Il a acquiescé. La vie (la mienne, en tout cas...) est si cruelle. Quand je vois certaines de mes copines qui s'empiffrent sans prendre un gramme, j'avoue avoir certaines envies de meurtre. J'avoue. Avouer, ce n'est quand même pas un crime, si ? Mais quand même, tant d’injustices en ce bas monde…
Vendredi 21 octobre 2011.
Le bonheur, quand tu régimes, c'est de prendre dans la pile de fringues estampillées "ton cul ne rentre plus dedans" un pantalon (un large, certes) et de l'essayer en te disant que peut-être... Et c'est le peut-être qui est bon. Cette somme de tous les espoirs possibles qui soudain, s'empare de ton corps, dans une fièvre frissonnante.
Mardi 1er novembre 2011.
Et si je n'ai rien écrit depuis le 21 octobre 2011, c'est que j'ai repris en une semaine les 3 kilos perdus la semaine précédente, au prétexte que c'était les vacances et que j'avais quand même bien le droit de me faire plaisir (non, je ne me fustigerai pas), mais je suis lasse de m'apitoyer ainsi sur mon si triste sort. Faut que je me bouge ! Donc, mardi = régime (et allez...).